mercredi 8 mars 2017

A la place du cœur

[Chronique lecture n°27]                A la place du coeur




Auteur: Arnaud Cathrine
Edition/collection: Robert Laffont/R
Genre/sous-genre: Drame, contemporain
Thèmes abordés: Attentat, société, Charlie Hebdo, amour, amitié, racisme...
Nombre de pages: 200

Peut être lu dès 15 ans!





Résumé:



Ce soir, Caumes a 17 ans et attend le déluge. Il ne sait qu'une chose : à la fin de l'année, il quittera sa ville natale pour rejoindre son frère aîné à Paris. Paris, la ville rêvée. Ce soir, Caumes a 17 ans et attend aussi le miracle qui, à son grand étonnement, survient : Esther, sujet de tous ses fantasmes, se décide enfin à lui adresser plus de trois mots, à le regarder droit dans les yeux et à laisser deviner un "plus si affinités..." Nous sommes le mardi 6 janvier 2015 et le monde de Caumes bascule : le premier amour s'annonce et la perspective obsédante de la "première fois." 
Sauf que le lendemain, c'est la France qui bascule à son tour : deux terroristes forcent l'entrée du journal " Charlie Hebdo " et font onze victimes… A la place du cœur, c'est ça : une semaine, jour après jour, et quasiment heure par heure, à vivre une passion sauvageonne et exaltante ; mais une semaine également rivée sur les écrans à tenter de mesurer l'horreur à l’œuvre, à tenter de ne pas confondre l'information en flux continu avec un thriller télé de plus.
Comment l'amour (qui, par définition, postule que "le monde peut bien s'écrouler") cohabite-t-il avec la mort en marche ? Comment faire tenir ça dans un seul corps, dans une seule conscience ? Comment respirer à fond le parfum de la fille qu'on aime et comprendre, dans le même temps, que le monde qui nous attend est à terre ?

Mon avis:

Merci Arnaud Cathrine d'avoir écrit un aussi beau roman.

J'ai lu "A la place du coeur" en seulement deux jours. Je suis très intéressée par les livres traitant des attentats ainsi que par ceux qui relatent des histoires d'embrigadement, triste réalité de nos jours... Après "Samedi 14 Novembre", il était donc tout naturel pour moi de lire "A la place du cœur". Les deux auteurs ont abordé de manière très différente deux attentats (Charlie Hebdo pour "A la place du cœur" et le 13 Novembre pour "Samedi 14 Novembre"). Tandis que Vincent Villeminot écrivait une histoire improbable mais qui fait beaucoup réfléchir sur des personnages ayant vécu l'attentat au plus près, Arnaud Cathrine décrit l'attentat de loin (comme je l'ai moi même vécu), vu par des jeunes lycéens qui découvrent l'amour. Cela fonctionne aussi bien que "Samedi 14 Novembre". J'ai adoré ce roman que j'ai également trouvé émouvant et rempli d'espoir. Je me suis vraiment reconnue dans le personnage de Caumes qui n'a pas été directement touché par l'attentat de Charlie Hebdo ni par celui de l'hyper cacher mais qui ressent tout de même ce besoin irrépressible d'agir malgré les interdictions des adultes, la distance et son impuissance face à la violence.

"A la place du cœur" est un roman d'une tendresse surprenante compte tenu du vocabulaire cru utilisé par l'auteur pour faire parler ses personnages le plus "naturellement" possible. Arnaud Cathrine semble porter un regard très doux et bienveillant sur les personnages désuets de tous clichés qui tout en étant très réalistes gardent tout de même une poésie discrète et une beauté intérieure.

Je l'ai lu très rapidement car le roman se passant sur peu de temps et étant assez court, l'histoire est très concentrée et il est impossible de le lâcher.

Pour moi ce roman est une vraie pépite  car Arnaud Cathrine a réussi à déjouer les clichés avec subtilité et à ne pas tomber dans  la mièvrerie avec ses personnages contrastés et profondément humains dans lesquels tout le monde devrait pouvoir s'identifier.

"A la place du coeur" est donc un coup de cœur au même titre "Samedi 14 Novembre" et je le recommande à tout le monde car cette histoire peut apporter bien plus qu'il ne semble au premier abord.


Citations

"J’ai dix-sept ans, la vie devant moi et de la mort partout. Une saloperie d’équation à résoudre. Je pourrais très bien renoncer. Au goût des choses. Aux règles d’un jeu dont je devine qu’il n’a aucun sens. Oui, je pourrais très bien laisser tomber.
C’est quoi l’autre choix ?"


« Tu ne peux pas faire ça. C’est trop tôt. Bien trop tôt. Toi-même, tu me l’as souvent dit : « On n’a pas fait assez de conneries. » Alors tu vois bien : tu ne peux pas. On n’a pas assez zoné, on n’a pas assez bu, on n’en a pas vu assez, on n’en a pas dit assez, on n’a pas pris le temps de se taire. On ne s’est pas révoltés, on n’est pas descendus dans la rue, on n’a fait bloc contre rien, on n’a pas hurlé à qui de droit que la vie nous terrifiait, on n’a même pas quitté notre chambre d’enfant, on ne connait pour ainsi dire rien au cul ni à l’amour, on n’a jamais rien envisagé, on a regardé nos frères grandir, on a avancé dans la file, on nous a promis que ce serait bientôt notre tour, on avait tout juste commencé à se demander qui on était, alors tu vois bien : tu ne peux pas débarrasser le plancher comme ça. On n’a pas épuisé un millième du monde. L’inconnu comptait sur toi. Et moi aussi. Alors tu ne peux pas. Un jour, tu m’as dit : « On s’habitue à tout ; enfin … un jour sur deux. » Mais ton absence, je ne m’y ferais pas, pas une seconde. »

6 commentaires:

  1. Ca a l'air d'etre une très jolie surprise, touchante aussi !

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  2. Cette histoire me tente beaucoup ! Contente que tu aies aimé !

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  3. J'ai beaucoup aimé Samedi 14 novembre. Celui-ci m'intéresse bien aussi, surtout si c'est "vu de loin" comme tu dis, c'est un point de vue intéressant aussi.

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